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LES RUPTURES DE GOUPIL

Publié le 16 Octobre 2022

Né le 16 juillet 1918 à Paris, mort le 26 septembre 2006, enterré à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; cheminot, métallo, l’un des principaux animateurs de la grève de Renault en 1947 ; trotskyste (Union communiste), puis bordiguiste.  Sur leMaîtron lire la biographie de Bourrinet : https://maitron.fr/spip.php?article145635 et aussi :  https://proletariatuniversel.blogspot.com/2013/02/interview-de-goupil-sur-la-greve.html

Né le 16 juillet 1918 à Paris, mort le 26 septembre 2006, enterré à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; cheminot, métallo, l’un des principaux animateurs de la grève de Renault en 1947 ; trotskyste (Union communiste), puis bordiguiste. Sur leMaîtron lire la biographie de Bourrinet : https://maitron.fr/spip.php?article145635 et aussi : https://proletariatuniversel.blogspot.com/2013/02/interview-de-goupil-sur-la-greve.html

Né le 16 juillet 1918 à Paris, mort le 26 septembre 2006, enterré à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; cheminot, métallo, l’un des principaux animateurs de la grève de Renault en 1947 ; trotskyste (Union communiste), puis bordiguiste.

Sur leMaîtron lire la biographie de Bourrinet : https://maitron.fr/spip.php?article145635 et aussi :

https://proletariatuniversel.blogspot.com/2013/02/interview-de-goupil-sur-la-greve.html

 

 

LES RUPTURES POLITIQUES DE GOUPIL (1999)

…. Sur la plateforme du BIPR (bien que le nom de bureau ne me plaise pas beaucoup) je n'ai pas vu de référence aux articles parlant du Parlement et des syndicats). Par contre, je suis parfaitement d'accord avec la position du BIPR sur les groupes territoriaux et la périphérie. Sur le culte de la personnalité, ce n'est pas nouveau, ce n'est pas un nouveau Lénine qui serait à craindre mais plutôt une super-structure qui s'imposerait plus exactement.

Je me permets ces réflexions par mon expérience de 37 ans de militantisme : stalinien, trotskiste, militant de la GCFrance puis FFGC (fraction française de la gauche communiste), j'ai dû abandonner à la suite d'une maladie grave. J'ai milité trois ans au CCI. Puis j'ai pris trois ans de réflexions à cause de la paranoïa et je suis retourné au CCI jusqu'à ce que je rencontre les camarades de BIPR. Je reproche au CCI d'être influence par les communistes de conseil, d'avoir pris la période de 1968 et 1980 en Pologne comme début de la Révolution.

Dans la situation actuelle, où se trouve le prolétariat ? Et, à partir de tout ce qui se passe dans le monde sur le plan économique, sur le plan écologique, sur le plan sociologique, toutes les grèves sont sans résultat positif. Et toutes les manifestations de Bové, de Atac et les positions de la CNT et des trotskistes laissent supposer qu'il est possible de réformer le système capitaliste actuel ! Grande difficulté pour les prolétaires et ils ne comprennent pas la structure du système capitaliste. C'est le rôle des révolutionnaires de leur faire comprendre quelle est cette structure, de leur dire qu'il n'y a jamais eu de communisme dans le monde ; ce terme est utilisé par les valets de la bourgeoisie. La compréhension du prolétariat nécessiterait une propagande intense. Personnellement j'ai besoin de repos. Je suis extrêmement fatigué. J'attends donc la réponse à mes critiques pour prolonger mon engagement politique. Je pense pouvoir poursuivre cette discussion si ma santé le permet à la fête de LO.

 

La période d'adhésion

3 JUILLET 1999

Chers camarades,

Mon adhésion au CCI a été basée, disons pour être simple et compris, sur la dernière page de RI : « Nos positions ». ce sont des termes généraux que je partage entièrement. L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, par conséquent le rôle de révolutionnaires n’est pas de prendre le pouvoir à la place des travailleurs eux-mêmes. L’analyse faite par le CCI sur les difficultés rencontrées par les bolcheviques, est une analyse exacte et profonde, elle correspond à ce que, instinctivement, j’avais ressenti et elle doit servir d’expérience au prolétariat pour l’avenir de l’humanité.

Cependant, la dégénérescence du mouvement ouvrier et la période de domination bourgeoise qui s’en est suivie, a marqué un recul sur la capacité des luttes autonomes des prolétaires. Bien sûr, il y a eu des mouvements d’autonomie des travailleurs comme Mai 68 par exemple, et d’autres mouvements que le CCI a démontrés dans sa presse. Cependant l’immédiat de la classe ouvrière est la défense de ses conditions de vie, des conditions de travail, la riposte que la classe ouvrière a manifesté en chaque occasion pour son salaire, son travail, ses conditions de vie, sont pour l’instant, des intérêts justes catégoriels, et ne correspondent pas, d’après moi, pour l’instant à son intérêt historique, à savoir la destruction de l’Etat bourgeois. Les prolétaires dans une certaine mesure ont peur de s’engager dans de véritables conflits, peur de perdre leur travail, peur du chômage et bien souvent dans le rejet de l’individualisme du marais pour l’instant. C’est pourquoi, en plus de l’encadrement des centrales syndicales de tout acabit et catégorielles et d’autres cas – finalement les centrales sont toutes des centrales catégorielles – défendant, si j’ose dire, des positions particulières et indépendantes des positions de classe.

C’est pourquoi, autant je suis d’accord avec les positions fondamentales du CCI, autant je mets des réserves sur la formulation du texte de la première page de RI. La lutte de classe dans le sens dit par le texte, je dirais, moi, par exemple :

1°) seule la lutte unie des travailleurs et indépendante des organes qui soutiennent le gouvernement (syndicat et parti politique) nous fera reprendre le chemin de la lutte de classe et pourra répondre à la barbarie guerrière du capitalisme.

2°) je donne cela comme exemple, il me semble, peut-être à tort d’ailleurs, que les formulations des textes de RI ne sont pas suffisamment accrocheuses, suffisamment marquantes pour la compréhension des prolétaires actuellement. J’ai constaté que le CCI reconnait que notre influence est pratiquement nulle dans la classe ouvrière. La faiblesse des deux réunions publiques démontre le niveau d’influence en France. Il est vrai que ce sujet ayant été traité dans le journal, dans le tract, peut-être que les contacts n’ont pas jugé utile de se déplacer pour un problème déjà suffisamment décrit. Néanmoins c’est un sujet de réflexion. Je ne veux pas répéter ce que j’ai signalé sur l’anticipation de l’engagement terrestre au Kosovo qui finalement ne va pas avoir lieu dans les conditions que nous pensions.

Dans le même sujet sur la guerre du Golfe, RI de janvier 99. Le titre de l’article : « Le capitalisme c’est la guerre, guerre au capitalisme », même titre pour avril 99. Pour moi et à mon sens, ce sont des formules qui ont du mal à être comprises par les ouvriers. Il me semble que si l’on avait titré : « Une fois de plus le capitalisme ne peut qu’apporter la guerre, le chômage »… Voilà ce que la classe ouvrière doit comprendre pour sortir du marasme actuel ; ensuite développer sur ces thèmes dans le sens des articles qui sont écrits. Pourquoi cela ? Parce que le niveau de conscience de la classe ouvrière est malheureusement faible. C’est mon point de vue.

Un autre sujet me préoccupe. Les critiques formulées à l’encontre du trotskysme. Ayant été trotskiste moi-même avant d’être avec les bordiguistes, je pense qu’il serait bon de faire la critique des appareils faisant comprendre que les adhérents sont trompés et il faut développer sur les mots d’ordre des dirigeants trotskistes. Par exemple : contrôle ouvrier, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes avec des exemples à l’appui. Est-ce que ce mot d’ordre a contribué à faire prendre conscience au prolétariat, partout où cela a été obtenu ? Pasqua étant lui aussi pour l’autodétermination des Kosovars, etc… Ce sont des mots d’ordre dépassés par les conditions historiques. Ils étaient valables avant la décadence du capitalisme. Déjà Trotski lui-même avait fait des réserves à ce sujet au moment de la révolution chinoise (mais l’Algérie, etc.). Aujourd’hui les verts sont des gens à combattre également. Ce sont, eux aussi, des gestionnaires du système, un produit de la dégénérescence du mouvement ouvrier.

Sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, plus nous aurons de difficultés à vendre notre presse, c’est du moins ce que j’ai compris, plus les titres des articles sont grands. Les Belges sont modestes avec les titres d’Internationalisme. Ne prenez pas trop cela au sérieux…

Il est vrai que la capitalisme n’a pas pour l’heure la possibilité de faire une guerre comme en 1938, néanmoins toutes les guerres qui se développent peuvent aussi entraîner la destruction de l’humanité. La guerre au Kosovo a éclipsé le conflit éventuel entre le Pakistan et l’Inde. Echec des négociations paraît-il !

C’est bien vrai qu’il faut mener notre politique d’une façon conséquente en faisant le maximum pour se faire comprendre. Il ne faut pas hésiter à défendre nos positions par exemple. Au « Prolétaire », je parle du journal), qui disait notamment que notre positions était une position complètement erronée, celle de la décadence du capitalisme. Qu’ils disent pourquoi !

J’adresserai une critique aux camarades. Pour moi le manque de concret dans les discussions ou les rapports des camarades, les exemples. Un camarade a dit : ils ont peur du CCI. Je pose la question : pourquoi ? Je ne comprends pas. D’autre part, j’ai appris avec bonheur, qu’à Zurich il y a eu 25 personnes à la réunion publique sur le Kosovo. J’aimerais savoir d’abord : quelle est la composition du groupe en Suisse ? Sont-ils nombreux ? Ont-ils plus de contact avec le monde du travail ? Les présents sont-ils des espoirs pour la section suisse ?

Une chose aussi me préoccupe, il y a un camarade canadien qui, à une permanence à Paris, semblait lui aussi adopter les positions du CCI puisque lui-même les expliquait à un autre camarade qui cherchait à bien comprendre (cette dame qui parlait d’ATTAC). Or il paraît qu’il se serait rapproché de Battaglia Comunista. Il serait bien de savoir pourquoi sa prise de position ? Que moi je ne comprenne pas du tout, c’est relatif vu l’âge que j’ai, je ne suis plus d’une grande utilité pratique mais il faut espérer pour le CCI, pour le prolétariat, qu’un jour viendront des jeunes. Il faudra bien se faire comprendre.

Une autre chose à dire aussi, à parler des problèmes pratiques d’une façon assez longue dans les réunions avec quelques fois des rappels à l’ordre pour les finances et sur les comptes rendus exacts, il n’y a pratiquement plus le temps pour parler de problèmes de l’actualité politique du moment. A moins que cela ne se fasse dans d’autres lieux… (sic ! JLR). Si un jour vous avez des jeunes camarades… Et là, je vais sans doute dire une chose qui ne contribuera pas à me faire des amis ! J’ai fréquenté de nombreuses réunions politiques, un peu dans tous les groupes et je n’avais jamais remarqué cette attitude de convivialité où l’on va fumer de petites cigarettes même à la fenêtre. Dans une réunion de section ou encore entre amis cela peut se faire … mais dans une réunion publique où il viendra des jeunes, des inconnus, cela me paraît en fait nouveau pour moi…

Sur l’appel du CCI aux internationalistes. Je ne pense pas qu’il soit bon de dire que nous sommes prêts à faire des concessions pour ce but, cela pourrait laisser entendre que nous sommes faibles. C’est à réfléchir.

 

LA DEMISSION

Aux camarades du CCI,

J'avais l'intention de me rendre à votre permanence du 4 novembre, mais pour des raisons d'ordre familial je n'ai pas pu m'y rendre. Je voulais vous faire remarquer que ma démission du CCI ne s'est pas faite par enchantement, par un coup de baguette magique. J'avais formulé plusieurs critiques et écrit plusieurs lettres.

Ma référence à la GCF. J'ai soutenu et appuyé la GCF suite aux revendications que ces camarades (Marc et Mousso) défendaient sur le plan social notamment. Nous étions en 1947, période d'après-guerre. Le meilleur moyen d'élargir la grève était de réclamer pour tous de quoi manger. Néanmoins, la grève de Renault de 1947 a été préparée et déclenchée par un petit noyau de trotskystes dont j'étais à l'époque. Pour en revenir à la GCF à cette période, les positions n'étaient pas aussi tranchées aussi définitives qu'aujourd'hui. Je me souviens des discussions à propos de la répression de Kronstadt. La position semblait dire que les bolcheviks avaient été contraints d'agir de la sorte ; sur le plan syndical également. La question n'était pas définie. Personnellement j'avais déchiré ma carte syndicale en 1947. Je comprenais les positions de base reprises à Lénine.

Mon adhésion en tant que sympathisant, puis ensuite sur votre proposition comme militant, s'est faite sans analyse suffisante des positions fondamentales du CCI. Mon premier étonnement a été de m'entendre dire que Lénine était dans l'erreur lorsqu'il disait que les travailleurs ne sont pas en mesure de dépasser le stade des revendications économiques. Il disait avec raison que le niveau de la conscience de classe nécessaire pour le renversement de la bourgeoisie vient de l'extérieur de la classe (polémique avec les économistes) sans doute Lénine faisait-il référence à Marx et Engels qui étaient tous deux des intellectuels bourgeois, mais là n'est pas le problème. Lorsque vous dites qu'il s'est ensuite rétracté en octobre 17 en disant « tout le pouvoir aux Soviets », ce qui est vrai, seulement il ne faut pas oublier tout le travail fait par le parti bolchevik pendant toute une longue période pour éduquer les masses, les prolétaires et en dernière analyse c'est bien le parti avec à sa tête Lénine qui retient les masses prolétariennes pour leur dire en octobre « tout le pouvoir aux Soviets » et permettre la réussite de la Révolution d'Octobre. Il est bien vrai que Rosa et le KAPD, que Gorter et Pannekoek avaient une conception toute différente de la conception de Lénine sur le parti et son rôle dans la classe. Pour autant que je me souvienne, chaque fois que Rosa adressait une critique à Lénine, en conclusion elle faisait remarquer que finalement la position des bolcheviks était le résultat des inconstances des prolétaires allemands, et par conséquent de la position des révolutionnaires qui avaient pour tâche d'éduquer les masses.

Dans la Revue internationale comme dans le journal RI vous voulez présenter comme exemple de chemin vers la révolution les événements de Pologne. Comme d'ailleurs vous faites aussi souvent référence au mai 68 en France. Sans parler de tous les autres mouvements dans les autres pays, prenons comme exemple la Pologne. Malgré l'ampleur des luttes et des hauts parleurs que vous mentionnez dans votre article, malgré un mouvement presque insurrectionnel, ils n'ont jamais indiqué une prise de conscience nécessaire et suffisante pour indiquer formellement un cours historique vers la révolution. En Pologne, il ne faut pas l'oublier, l'oppression considérable du bloc de l'Est, ni que ces événements sont restés pratiquement dans le domaine économique et démocratique. L'étincelle politique contenue dans les revendications économiques n'a jamais mis le feu. Il manquait l'apport de quelque chose pour souffler sur les braises. Et ce quelque chose c'est le noyau du parti.

A la fin, ce sont les curés avec la présence de Walesa et le syndicat (« libertaire ») le Solidarnosc, qui ont été la résultante de tout ce mouvement. Quant à mai 68, le mouvement se termine après la reprise en main par les syndicats, quand sur le plan politique ce fut le triomphe du bulletin de vote ! Dans tous ces mouvements, qui n'ont d'ailleurs jamais dépassé le cadre nationaliste, restant chacun à l'intérieur de leurs frontières, pourquoi ? Parce qu'il manquait dans tous ces mouvements de masses la présence de militants cadres du parti révolutionnaire. L'auto-organisation à laquelle vous faites allusion, en donnant ces mouvements en exemple, est une fausse route pour le prolétariat. Les prolétaires ont forcément besoin de l'influence indispensable du parti de la classe, ils sont toujours forcément sous l'influence de la bourgeoisie et ne peuvent dépasser ce « stade ».

Vous avez écrit, du moins à ce que j'ai pu comprendre, être surpris de ma démission de l'organisation du CCI. J'ai pourtant formulé de nombreuses critiques sur la formulation des articles de la presse, mais c'est plus tard que j'ai compris que cela provenait des positions fondamentales du CCI. Dans votre dernier congrès, où vous m'avez invité à participer, je n'ai pas pris la parole lorsque le camarade parlant de l'approfondissement de la crise du système, laissait supposer que le prolétariat prendrait conscience du rôle qu'il devrait prendre suite à cette décadence, disons : quelle que soit la misère croissante que le prolétariat est amené à connaître, il ne peut y avoir de renversement du cours historique sans l'apport impératif du parti communiste mondial du prolétariat. Le parti n'est pas un organisme de conseil ni un accélérateur de la prise de conscience. Il est l'intégralité, possesseur de l'expérience des luttes de sa classe du passé ; il en est l'expression et le moteur de la lutte de classe pour sa mission historique à venir. Il est partie intégrale du prolétariat (comme je le disais plus haut).

D'autre part, lorsque vous dites d'une part que le prolétariat n'est pas en mesure de faire la révolution, du moins de transformer le cours historique, et que d'autre part vous dites que le capitalisme n'est pas en mesure de faire la guerre, du moins la guerre généralisée actuellement... il y a suffisamment de conflits armés qui laissent à penser quel est le poids véritable du prolétariat, qu'il n'y a pas de guerre généralisée en perspective, parce qu'il n'y a pas de bloc. Ce n'est pas l'influence du prolétariat qui y est pour quelque chose. Les révolutionnaires sont à contre courant depuis plus de 70 ans !

Aujourd'hui le prolétariat n'indique pas qu'il y a chez lui une plus grande confiance à la gauche du gouvernement ou dans les gouvernements pour améliorer sa situation, pas plus qu'il n'a confiance en la droite. La stabilité, la continuité du septennat est dûe aux réformistes de tous les poils, syndicats, associations parlementaires et à toutes les délégations de pouvoir sur le plan économique et sur le plan politique. La revendication économique, même si elle est souvent nécessaire dans une certaine mesure (nécessaire pour assurer le regroupement des travailleurs), ne peut être que transitoire. C'est la tâche des communistes révolutionnaires de faire comprendre au travers des luttes que ce qu'il faut c'est créer un rapport de force dans la situation mondiale pour transformer et abolir la structure du système et pour cela il faut lutter contre tous les réformistes. Aujourd'hui le problème n'est plus des victimes sur le plan économique mais il faut aussi poser la lutte sur la plan écologique car toutes les catastrophes sont engendrées par le système. Que les prolétaires se fassent manipuler, c'est une vérité, mais ce n'est pas parce que les médias en parlent (les médias aujourd'hui sont à l'offensive) que la manipulation est plus évidente.

Et ce n'est certainement pas comme le fait le CCI, de dire aux travailleurs qui souffrent de leurs conditions d'existence jusqu'au désespoir que leurs mouvements sont (illisible). Il faut expliquer et faire comprendre que la situation réelle de la classe ouvrière est le résultat de la délégation de pouvoir, la faute aux réformistes, et non pas dire, exemple à ne pas suivre, comme dans la grève des fonctionnaires en 1995.

Personnellement, je ne pense pas que le regroupement des internationalistes puisse se faire par la polémique qui consiste à dire quel est le groupe ou le noyau qui représente aujourd'hui pour les jeunes générations la véritable Gauche. Le fil de l'histoire du mouvement ouvrier a été coupé.

Le CCI dit lui-même, par l'intermédiaire de ses militants, qu'il n'a aucune influence sur la classe, c'est du moins ce que j'ai entendu dire !

Par contre, pour tous les sigles existant dans l'organisation : le BI, le BIRI, le BII, la CO, etc. cela est à s'y perdre pour un jeune militant et d'autant plus pour toutes les tâches correspondant à ces bulletins internes. Ce sont souvent les mêmes qui font le travail, cela devient presque une sorte de bureaucratie interne. C'est peut-être à cela que faisait allusion le BIPR qui parle de (mot illisible) ?

Il me reste à parler du BIPR. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, si des camarades ou des gens quittent le BIPR pour venir au CCI, cela devrait être positif. Par contre, s'ils quittent pour retourner dans la nature, ou chez les parasites, cela prouve que nous sommes dans un cours historique actuel assez néfaste pour le prolétariat. Cependant il me semble que vous devriez être plus modestes concernant les difficultés rencontrées par le CCI dans un passé pas très lointain. A lire une certaine revue du cercle de discussion de juin 2000 au titre « Que ne pas faire? », bien que pour moi ces gens sont de vrais parasites – ils discutent pendant que les prolétaires crèvent - néanmoins il y a quelques vérités sur le passé du CCI et la démission de nombreux éléments. Mes camarades, il n'y a pas de garantie concernant l'avenir des organisations qui ont pour tâche de représenter le prolétariat. Lorsque vous faites des réunions publiques il ne m'apparaît pas que vous soyez modestes. Quant à vos pronostics, je suis comme vous. J'espère que la revue « Bilan et perspectives » aura plus de chance que les quelques revues de sympathisants du BIPR. Je suppose que l'information vient des camarades canadiens. Notes internationalistes, brochure que je trouve bien (…).

L'expérience que j'ai faite à vos côtés m'a donné à réfléchir suite à la fête de LO. Deux camarades ont perdu leur sang froid en m'envoyant retrouver les gens du BIPR avec lesquels je n'avais eu jusque là que quelques discussions, moitié en français, moitié en italien. Comme je ne comprend pas finalement on pouvait penser que cela était une bavure. Mais il faut rappeler la discussion avec le cde Bruno dans un café à propos du cde Victor, il n'était plus disons intéressant ni crédible parce qu'il avait opté pour le BIPR, lorsqu'il avait appuyé les positions du CCI c'était un élément prometteur. Voyez-vous, mes camarades, le sectarisme provient certainement des convictions profondes aux positions défendues par des hommes qui ne sont que des hommes. Qui peut se permettre de dire qu'il n'a jamais fait d'erreur ?

Quand RI critique le BIPR sur l'opportunisme et le marxisme, vous parlez de choses lointaines pour des groupes qui ont eu tant de sympathisants et de positions lointaines du BIPR. Il y en a eu aussi aussi au CCI avec sa fraction interne. Dans une période de recul on ne devrait pas se comporter d'une manière uniforme. Vous accusez BC d'avoir réclamé, comme vous dites, une 21 ème condition qui avait pour but d'éliminer la position des communistes de Conseil. Cette condition a fait que vous avez été exclus des conférences. A la vérité, et ce que je crois comprendre, c'est que Battaglia faisait référence à Lénine et même à Bordiga qui ont chacun insister, comme une nécessité historique, sur le centralisme organique et avec le but de la formation du parti des cadres, chose inacceptable pour des conseillistes.

Aujourd'hui, vous semblez vouloir en découdre avec les conseillistes que vous considérez comme un pont entre le marxisme et l'anarchisme. Ce qui se fait jour aujourd'hui, pourquoi cela ne pouvait-il pas apparaître à l'époque en question. Je crois comprendre le plus souvent que pour le CCI la formation du parti doit se faire par le regroupement des groupes de noyaux internationalistes ? À partir des polémiques. Dans tous vos articles (je ne vous reparle pas de la Pologne), dans RI de novembre par exemple, comme d'ailleurs dans tous les autres journaux précédents, jamais il n'est fait référence à la nécessité du parti comme moyen indispensable à l'avènement de la dictature du prolétariat et de la révolution communiste mondiale.

Idem pour le tract sur la Palestine :  « la classe ouvrière devra conquérir la paix en renversant le capitalisme  à l'échelle mondiale ». J'ai fait une petite inversion sans pour autant déformer le sens de la phrase. Comment voulez-vous que la classe puisse conquérir et renverser le capitalisme alors que la classe ouvrière est entièrement sous l'influence philosophique et même technologique de la bourgeoisie capitaliste ?

Contrairement à ce que je crois vous pensez, je fais référence aux mouvements depuis 1960 jusqu'aux années 1990 et au soi-disant blocage à la suite de l'écroulement du mur de Berlin.

Toutes les affirmations que vous faites et qui ressortent dans votre presse, ne suffisent pas à faire prendre conscience au prolétariat. On doit comprendre que d'un côté il y a la classe et de l'autre le parti, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire ; il y aurait eux les prolos et pas le parti.

Voilà je termine en vous disant que ma démission ne s'est pas faite la joie au cœur, néanmoins il faut choisir entre les difficultés personnelles et les nécessités de la situation pour le prolétariat auquel nous croyons.

Voilà je vous remets dans le petit paquet des bulletins. Je ne discuterai pas ce soir. Si vous avez des réponses à me faire, vous connaissez mon adresse.

PS : de toute façon vous ne perdez pas un militant actif vu l'âge que j'ai, j'ai plus que l'âge de la retraite car les forces physiques diminuent malgré toute la volonté qui me détermine.

Fraternellement,

Goupil

Je me dois d'ajouter un mot suite à la parution de l'article sur les événements de Pologne dans RI n°307 et pratiquement 3 mois après ces réunions. Je note que vous faites allusion au Parti Révol... suite à des réponses que vous faites à des participants. En ce qui me concerne, je n'ai pas souvent remarqué et pratiquement dans les articles concernant la Pologne que vous parliez de parti. Il s'agit toujours de l'organisation politique des masses.

Dans une de vos réponses, vous dites : « Le parti n'est pas une émanation directe des luttes immédiates, il est une émanation historique de la classe ouvrière et les conditions de son surgissement sont déterminées par le cours historique et le niveau de la lutte de classe ».

Première question : qui détermine le cours historique de la classe et

Deuxième question : qui élève le niveau de la lutte de classe, précisément pour modifier le cours historique ?

Voici ma réponse : le parti se détermine avec les éléments les plus conscients de la classe dans sa lutte contre son exploitation, et le cours historique est déterminé par la parti révolutionnaire international. Finalement j'ai des difficultés à comprendre quel est le rôle du parti, comme il me semble l'avoir déjà dit dans le début de ma lettre. Les grèves de Pologne ont contribué à mettre en difficulté le régime capitaliste du bloc de l'Est, puis sa suite logique, l'effondrement du mur de Berlin qui a contribué au relâchement de la conscience de classe, cela est un peu difficile à expliquer : un élément positif entraîne un élément négatif.

Quant au rôle du parti lors de la Révolution en Russie et dans la dégénérescence, ainsi que celle des Soviets, il faudrait s'étendre davantage. Je ne pense pas que l'on puisse attribuer au parti la dégénérescence des Soviets.

De nouveau, salutations fraternelles.

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